Une tisanière d'exception !

 

 La pièce que nous présentons est appelée "veilleuse" ou "veilleuse-tisanière" ou encore "tisanière-veilleuse" et le plus souvent, simplement "tisanière" ou "tisanièreà bain-marie". Cette dénomination vient de la veilleuse que l'on allumait pour faire de la lumière quand  on veillait.

La première veilleuse semble être l'héritière de la lampe à huile qui apparait 3.000 ans avant notre ère en Egypte. Cette lampe à huile se transforme en veilleuse vers le 18ème siècle avec au lieu d'une mèche sortant d'un orifice, une mèche sortant d'un dispositif flottant.

Un inventeur anonyme a eu l'idée de joindre l'utile à l'agréable en utilisant la chaleur dégagée par la veilleuse pour tenir un liquide au chaud. Cette invention est à l'origine de la tisanière que nous présentons ce mois-ci.

En 1740, madame de Pompadour sera une des premières clientes à recevoir les tisanières produites par la manufacture de Sévres

Extrait d'une page de catalogue de 1848

 

 

 

 

A Sarreguemines, nous avons identifié sur un catalogue de 1840 une tisanière qui est dite "veilleuse Louis XIV". On en rencontre une autre sans dénomination sur une page d'un catalogue édité vers 1875. En 1892 deux exemplaires sont au catalogue : une "veilleuse bain-marie à tasse" de forme "opaque" qui porte un bol couvert et une autre dite "tisanière" de forme "China"  identique à celle de notre coup de cœur.  Cette dernière apparait également sur le catalogue de 1893.

L'âge d'or des tisanières fut le 19ème siècle. Elles étaient fabriquées  surtout à Paris, Limoges, Bayeux et Toulouse. Sous le Premier Empire, les tisanières ont des décors très sobres, souvent un ou deux filets de couleur ou d'or. Sous Louis XVIII, elles se couvrent de portraits, de paysages repris sur des tableaux. Sous Louis-Philippe, elles seront plus travaillées, leurs formes s'inspirent des arts asiatiques ou prennent la forme de petites statues ou d'animaux. À Sarreguemines, dans le dernier quart du 19ème siècle, les formes sont de lignes plus sobres et leurs récipients s'inspirent de la forme des cafetières ou des théières fabriquées à la manufacture U & C.

C'est  la période de production de celle qui nous intéresse : son décor ayant été créé vers 1890/1900. Il s'agit du décor "Amours et attributs" attribué à Antoine Albert Richard dit Froment-Richard.

Cette tisanière qui porte la marque I 17 ayant tous ses éléments en parfait état est sans conteste un objet exceptionnel.

Henri Gauvin