Un rare élément de moule mère

Parfaitement conservé

 

 

 Le coup de cœur de ce mois est un élément de "moule mère"  permettant de créer le pot à tabac n° 231 dit aussi "pot à tabac singe". Cette pièce a été produite en Grès, grès doré, en majolique puis plus tard en "dégradé sur émail". La création du sujet selon son n° d’ordre peut être estimée vers 1865/1870.

 

Un "moule mère" est un moule positif qui permet d’obtenir par moulage des moules de production  (appelés aussi parfois "moules filles") qui eux, donnaient des pièces définitives par coulage de la pâte liquide.

 

Cette pièce mérite un coup de cœur parce qu’elle nous permet de juger de la complexité du travail des mouleurs. Nous constatons sur cette partie que les emplacements des coudes et des cuisses présentent une partie creuse. Ces cavités permettent de fixer les avant-bras et les jambes par collage. Les parties du moule qui permettent  de créer les avant-bras et les jambes comportent, elles, des éléments en relief qui vont s’encastrer dans ces parties en creux. Le collage se fait à l’aide d’une pâte liquide de même composition que celle qui constitue l’objet. C’est le travail de finition du modeleur qui va faire disparaitre les traces de collages. Souvent, pour les moules complexes, les savoir-faire se passaient de père en fils et il n'était pas rare, lors de l'achat de moules par une manufacture à une autre, de voir les familles des mouleurs suivre les matériels.

 

On notera aussi que les dimensions de cette partie de la pièce sont plus importantes que celles de l’objet terminé.Ceci tient au fait  que la pâte rétrécit au séchage. Ainsi le plâtre constituant le moule de production aura des dimensions plus petites. La pièce issue de ce moule de production va également "rétrécir" et la différence de taille entre le "moule mère" original et la pièce définitive sera de plusieurs millimètres pour des objets de ce format. Cette différence augmente selon une courbe qui varie en fonction de la constitution chimique de la pâte et la taille des pièces. Aussi avec un même "moule mère", on obtiendra des céramiques de mensurations différentes selon qu’elles seront en grès ou en majolique. De même le retrait de la matière et sa solidité seront aussi fonction du procédé de séchage et de cuisson utilisés. C’est pourquoi on identifiait   par un numéro imprimé en creux la nature de la pâte dont étaient faites les pièces.  Ceci simplifiait le travail des ouvriers chargés de les placer dans les fours.

 

 

Marque sous cet élément de moule qui correspond bien au n° de forme que porte le pot à tabac "singe musicien".

 

Cette partie de moule fait ressortir plus encore le visage du singe et lui donne "figure humaine". Beaucoup d’entre nous rechercheront une ressemblance avec une connaissance, tout comme nous le faisons avec les dessins d’un lorrain célèbre : Jean Ignace Isidore Gérard plus connu sous le nom de Granville et dont l’artiste qui a créé ce singe semble s’être inspiré.

Merci à l’adhérente qui a su sauver de la destruction ce morceau d’histoire de la manufacture  Utzschneider & Cie.

 

Données techniques :

-     Largeur du moule : 241mm

-     Longueur du moule : 340mm

-     Longueur de la partie extérieure du moulage : 204mm

-     Largeur de la partie extérieure du moulage : 126mm

-     Hauteur du moulage du corps du singe : 161mm

-     Largeur du moulage du corps du singe : 92mm

-     Poids du moule : 4395g

-     Epaisseur de l'élément de moule hors tout : 99mm



En dessous à gauche la "version grès" et à droite la "version majolique"  du "pot à tabac singe" musicien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Henri Gauvin